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L’Autorité palestinienne est-elle au bord de l’effondrement ? (1/2) : évolution de l’Autorité palestinienne depuis 1994

Par Matthieu Saab
Publié le 10/08/2016 • modifié le 22/04/2020 • Durée de lecture : 10 minutes

Israeli Foreign Minister Shimon Peres © signs the historic Israel-PLO Oslo Accords on Palestinian autonomy in the occupied territories on September 13, 1993 in a ceremony at the White House in Washington, D.C. as (from L to R) Russian Foreign Minister Andrei Kozyrev, Israeli Prime Minister Yitzhak Rabin, unidentified aide, US President Bill Clinton, PLO Chairman Yasser Arafat, US Secretary of State Warren Christopher, and PLO political director Mahmoud Abbas look on.

J. DAVID AKE / AFP

Les accords d’Oslo et l’Autorité palestinienne

Les textes des accords d’Oslo sont vagues lorsqu’il s’agit de définir les droits des Palestiniens, mais très précis en ce qui concerne ceux des Israéliens portant notamment sur la sécurité de l’armée israélienne, des colonies et des ressortissants israéliens qui se trouvent en Cisjordanie et à Gaza. Ces accords reflètent les objectifs du gouvernement israélien de l’époque (1) qui voulait stopper l’Intifada, assurer la protection de la population israélienne et établir des accords portant sur la sécurité des Israéliens dans les zones palestiniennes (2). Nul part dans les accords d’Oslo, il n’est précisé que le processus de paix devait conduire à la création d’un Etat palestinien souverain, indépendant et légitime avec des frontières sûres et reconnues par les Nations unies et par la communauté internationale.

Dans ces conditions, la sécurité des colonies israéliennes et la protection des frontières du territoire palestinien ont toujours été du ressort de l’armée israélienne (3). Cependant, il était prévu dans les accords d’Oslo que, durant une période transitoire, l’Autorité palestinienne devait s’occuper des questions économiques et sociales à Gaza et en Cisjordanie et imposer la loi et l’ordre sur ces territoires. L’Autorité palestinienne n’a jamais eu le pouvoir de le faire. En fait, l’armée israélienne a transmis le contrôle des zones palestiniennes densément peuplées à l’Autorité palestinienne tout en maintenant un contrôle indirect sur elles.

Les principaux dirigeants de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) ont formé l’infrastructure de la nouvelle Autorité palestinienne et de ses forces armées. L’administration et la gestion partielle des territoires palestiniens furent transmises à l’Autorité palestinienne conformément aux seconds accords d’Oslo de 1995. L’Autorité devait développer l’infrastructure économique et sociale dans ces régions et procurer aux Palestiniens l’aide et l’assistance qui relèvent de la compétence d’un Etat moderne dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la justice. Ceci s’est très vite traduit par un échec car, l’Autorité palestinienne n’avait ni les compétences, ni le pouvoir afin de mener à bien cette tâche.

D’un point de vue financier, l’Autorité palestinienne bénéficia des aides de la communauté internationale, notamment de celles de l’Union Européenne et des Etats-Unis. Ces aides ont permis de régler les salaires des membres de la Police palestinienne, des forces de sécurité et de l’administration civile, mais elles n’ont pas permis de régler les salaires des employés des secteurs « non-productifs » (4). Dans ces conditions, les forces de sécurité palestiniennes qui faisaient l’objet d’un financement prioritaire ont acquis une prépondérance majeure et se sont imposées comme un nouvel acteur dans le conflit israélo-palestinien (5).

La légitimité de l’Autorité palestinienne était basée sur les accords politiques qu’elle avait passés avec le gouvernement israélien. Or, à aucun moment, elle n’a imposé son ambition et son désir de se transformer en noyau d’un futur Etat palestinien. Les forces armées de la Résistance Palestinienne se sont transformées en un pouvoir politique aux prérogatives limitées et qui procurait à Israël un appui décisif afin que son image de marque ne soit plus perçue comme celle d’une « force d’occupation ». L’Autorité palestinienne, qui avait opté pour un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien, s’est vue imposée des conditions et des obligations qui l’ont empêchée de devenir une autorité nationale indépendante. Elle a ainsi abandonné le projet du peuple palestinien qui voulait que cette Autorité reflète son ambition pour une Palestine indépendante qui sauvegarderait ses droits conformément à la légitimité internationale (6).

L’Autorité palestinienne a été formée et s’est imposée partiellement bien qu’elle ne soit que l’aboutissement d’un accord de paix injuste avec Israël. Elle emploie 150,000 civils et militaires à Gaza et en Cisjordanie et a des obligations politiques et légales à l’égard de la population palestinienne. Elle a signé divers accords avec des pays étrangers afin de consolider son indépendance sur le plan politique, économique, culturel et administratif.

Evolution des relations entre l’Autorité palestinienne et le Hamas

L’Intifada Al-Aqsa commencée en l’an 2000 a conduit à une augmentation notable du soutien accordé par les Palestiniens au Mouvement de la Résistance islamique (Hamas) qui tentait de renforcer l’ordre social et la structure familiale dans les régions autonomes palestiniennes. Hamas a remporté la victoire aux élections de 2006 ce qui lui a permis d’occuper 60,6% des sièges de l’Assemblée législative palestinienne. Ces élections furent les premières auxquelles toutes les forces politiques et culturelles palestiniennes participèrent à l’exclusion du Jihad islamique. En 2006, le Hamas va former le dixième gouvernement palestinien depuis la création de l’Autorité palestinienne et créer un service social et disciplinaire dans ses rangs. Or, les Etats-Unis et Israël refusèrent de reconnaître ce gouvernement et de traiter avec lui.

De violents heurts vont éclater entre le Hamas et le Fath ; ils vont conduire le Hamas à prendre le pouvoir dans la bande de Gaza le 14 juin 2007. Le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas refuse de reconnaître ce gouvernement qu’il qualifie d’« intérimaire ». Abbas va former un autre gouvernement en Cisjordanie, qui fonctionnera sans avoir obtenu la confiance de l’Assemblée législative palestinienne. Il faudra attendre le 2 juin 2014 pour qu’un gouvernement d’union nationale (rassemblant le Hamas el l’Autorité palestinienne) soit constitué. Ce gouvernement n’a pas été reconnu ni par les Etats-Unis ni par Israël qui a relancé à cette époque la colonisation.

A signaler que le Secrétaire d’Etat John Kerry a souhaité, sous l’autorité du Président Obama, relancer le processus de paix en 2013 afin notamment de dissiper les craintes américaines et israéliennes relatives à la possible dissolution de l’Autorité Palestinienne. Ces négociations furent suspendues en avril 2014.

Les attaques israéliennes de Gaza en 2008, 2012 et 2014 conduisirent à une augmentation de l’audience du Hamas grâce à sa stratégie basée sur la résistance à l’occupant et sur le développement de la culture islamique, suite à l’échec du mouvement nationaliste et des partis de gauche dans la reconstruction de l’ordre social. La crédibilité et la légitimité du Hamas a augmenté d’autant plus que ce mouvement n’a pas reconnu les accords d’Oslo et n’a pas collaboré sur le plan politique et sécuritaire avec le gouvernement israélien. De plus, le Hamas a mis sur pied des forces de sécurité à Gaza destinées à protéger la population palestinienne des attaques israéliennes tout en lui assurant la satisfaction de ses besoins vitaux. Or, pendant ce temps, les forces de sécurité qui relèvent de l’Autorité palestinienne continuent à coordonner leurs activités avec celles des forces israéliennes. D’après Nicola Nasser(7), des conflits entre l’Autorité palestinienne et la résistance palestinienne en Cisjordanie conduisirent cette Autorité à arrêter des membres de la résistance en Cisjordanie en collaboration avec les forces israéliennes.

L’Autorité palestinienne adopta des réformes décevantes qui n’ont pas assuré la sécurité de la population. Toute avancée dans le processus de paix était basée sur la nécessité d’accorder à Israël plus de stabilité et de sécurité. Cela a affaibli la légitimité de l’Autorité palestinienne et a conduit le processus de paix à une impasse.

La corruption au sein de l’Autorité palestinienne

Comme nous l’avons déjà indiqué, l’Autorité palestinienne n’a pas réussi à s’imposer comme une entité indépendante, fonctionnelle et politiquement stable. Elle continue à dépendre des aides financières internationales et se trouve dans l’incapacité d’assurer à la population palestinienne des services sociaux élémentaires et de construire des infrastructures économiques sans cette aide étrangère (8). Depuis sa création, l’Autorité palestinienne n’a jamais eu les moyens de régler les salaires de tous ses employés.

Or, et mis à part l’opposition israélienne, l’Autorité palestinienne doit faire face à une corruption endémique. D’après Kobi Michael et Yoel Guzansky, l’Autorité palestinienne est au bord de la faillite en raison d’une situation qu’elle a elle-même créée et dont les facteurs les plus importants seraient les quatre « f » : fawda (chaos), fitna (conflit intérieur), falatan (Etat de non-Droit, anarchie) et fassad (corruption) (9).

Dans son étude de 2013 qui détaille la manière dont ses aides financières sont utilisées, l’Union européenne insiste sur l’étonnante faiblesse des structures palestiniennes et demande à les réformer. Elle lance un cri d’alarme car les dépenses liées aux infrastructures d’Etat sont très élevées d’autant plus que l’Autorité verse des salaires à ses employés qui vivent à Gaza et qui ne fournissent aucun travail qui pourrait justifier leur rémunération (10).

La corruption de l’Autorité palestinienne est caractérisée par un népotisme et des monopoles contrôlés par des fonctionnaires palestiniens et leurs acolytes. Cette situation affecte lourdement le développement économique de l’Autorité (11). En décembre 2013, un Rapport de l’Union européenne très sévère sur la corruption de l’Autorité palestinienne est publié. Il indique que plus de 2 milliards de dollars transférés au titre de l’Aide à l’Autorité palestinienne en 2008-2012 ont disparu sans laisser de traces (12). Le rapport précise que la corruption de l’Autorité palestinienne est une caractéristique constante et que les hauts postes en son sein sont détenus par les membres du Fath qui considèrent cette Autorité comme une source de revenus personnels (13). Le même rapport indique que « la corruption de l’Autorité palestinienne n’est pas un phénomène simple et limité ; elle constitue une charge assumée par la population palestinienne et va continuer à affaiblir la position de l’Autorité palestinienne qui négocie avec les Etats donateurs » (14).

Vers l’effondrement de l’Autorité palestinienne ?

En 2016, la faillite du processus de paix, le conflit entre le Hamas et l’Autorité palestinienne, le faible soutien de la communauté internationale, la corruption endémique, l’occupation et les sanctions israéliennes laissent prévoir un effondrement de l’Autorité palestinienne. Ainsi, l’ancien ministre de l’Information dans le gouvernement du Hamas, Yousef Risk, estime qu’« Israël envisage sérieusement la fin de l’Autorité palestinienne et veut annexer la Cisjordanie. Cette situation pourrait plonger la région dans une situation similaire à celle qui existait avant la mise en place de l’Autorité palestinienne ce qui conduirait l’Etat d’Israël à s’impliquer bien malgré lui dans la gestion administrative, économique et sécuritaire de la Cisjordanie » (15).

Confrontée à cette réalité, l’armée israélienne pourrait diviser la Cisjordanie en différentes zones géographiques sous le contrôle d’un commandant de son armée qui empêcherait les attaques palestiniennes. Ce scenario pourrait conduire à la construction de barrages et de « check-point » autour des quartiers palestiniens afin de les bloquer et de les paralyser (16). Or, l’effondrement de l’Autorité palestinienne conduirait au démembrement des forces palestiniennes de sécurité dont les armes seraient distribuées à la population qui s’attaquerait à l’armée israélienne et aux colonies.

La situation est très fragile et, d’après Hani Masri, directeur général du Centre Palestinien de Recherches et d’Etudes Stratégiques, « un massacre israélien de palestiniens, une modification radicale de la situation autour de la mosquée Al-Aksa, un attentat suicide qui causerait la mort de plusieurs Israéliens, le décès du Président Abbas ou sa démission avant la nomination de son successeur pourraient conduire au démembrement de l’Autorité palestinienne » (17).

L’effondrement de l’Autorité palestinienne aurait des conséquences économiques et sociales ravageuses pour la population de Cisjordanie générées par l’anarchie et par l’arrêt des investissements publics qui se situent à environ 3 milliards de dollars par an. Cette situation entrainera l’effondrement du secteur privé et du système judiciaire ainsi que des secteurs liés à la santé, à l’éducation, à la communication, aux ressources hydrauliques et au secteur de l’énergie. Tout cela conduirait à l’augmentation de la pauvreté, de la corruption, des crimes et des zones de non-Droit. Les milices armées prendraient le pouvoir et feraient régner l’insécurité et la violence dans le cadre de l’évolution du conflit israélo-palestinien.

Or, les Israéliens et les Palestiniens savent que la fin de l’Autorité palestinienne conduirait, dans la moins catastrophique des hypothèses, à la prise de pouvoir du Hamas en Cisjordanie. Dans les autres hypothèses, elle conduirait à une prise du pouvoir soit par le Jihad islamique, soit par l’Etat islamique, soit par les Iraniens de Al-Sabireen (18).

Dans ces conditions, l’Etat hébreu devrait tout faire pour éviter cet effondrement (19) tout en empêchant l’émergence d’un Etat palestinien souverain (20), car toute gestion indirecte d’un conflit est préférable car plus économe. Ainsi, au lieu d’envoyer des soldats israéliens rechercher des terroristes dans la région de Qalqiya, Israël utilise les services de l’Autorité palestinienne qui permet aux Israéliens de bénéficier du contrôle indirect d’un million de Palestiniens privés de leurs droits fondamentaux sans en payer le prix. Mais le coût pour Israël de cette politique est en train d’augmenter car depuis septembre 2015, les Palestiniens commettent des actes d’une grande violence. Après l’effondrement de l’Autorité palestinienne, la Cisjordanie deviendrait un Etat de non-Droit, et Israël devrait, à nouveau, envoyer ses soldats contrôler les villes palestiniennes maison par maison afin d’assurer sa sécurité (21).

Sauver l’Autorité palestinienne, si cela est encore possible, nécessiterait un changement radical de la politique suivie par Israël, avec l’interruption réelle et totale de la colonisation, la mise en place d’un processus de paix basé sur la logique des deux Etats suivant les paramètres Clinton, un appui à un gouvernement de coalition palestinien qui permettrait d’organiser des élections générales à Gaza et en Cisjordanie à condition que le Hamas s’engage à en accepter les résultats.

Lire la seconde partie : L’Autorité palestinienne est-elle au bord de l’effondrement ? La fin des accords d’Oslo

Notes :
(1) I. Shahak (1993), « The Oslo accords : interpreting Israel Intentions » Middle East International, pp 17-18.
(2) B. Kimmerling (1997) « The power – oriented settlements PLO-Israel : the road to the Oslo Agreement and back ! » in A. Sala ; M. May’oz (eds). The PLO and Israel : from armed conflict to political solution 1964-1994. London Macmillan. Pages 223-251.
(3) B. Dajani (1994) « The september 1993 Israeli-PLO documents : a textual analysis ». Journal of Palestine Studies. Vol.23, N° 3, pp 5-23.
(4) Hani Albasoos, « The Future of the Palestinian Authority » Journal of Conflictology, http://journal-of-conflictology.uoc.edu/index.php/journal-of-conflictology/article/view/vol5iss2-albasoos novembre 2014.
(5) Luft G. (2002), Reforming the Palestinian security services. Peacewatch. N° 382. Washington DC : The Washington Institute for Near East Policy.
(6) I. Abrash (2002) « Dissolving the Palestinian Authority : legitimate question ? But what is the Alternative ? » Al-Fostat Magazine http://www.fustat.com
(7) N. Nasser (2009) « Dissolving the Palestinian Authority is not the solution » Arab Renewal, le 19 novembre 2009.
(8) Steven J. Rosen, « Are Palestinian Offensives Inviting Israeli Reprisals ? » Gatestone Institute https://www.gatestoneinstitute.org/5010/palestinian-offensives-israeli-reprisals le 7 janvier 2015.
(9) Michael Eisenstadt, « The Palestinians : Between State Failure and Civil War », Policy Focus n°78, Washington Institute for Near East Policy, December 2007, p. vii.
(10) « European Union Direct Financial Support to the Palestinian Authority » Special Report N° 14, Publications Office of the European Union, 2013, p.6.
(11) Nathan J. Brown et Daniel Nurenberg « Palestine in Flux : From Search for State to Search for Tactics » Carnegie Endowment for International Peace, janvier 2016.
(12) Sawsan Ramahi « Corruption in the Palestinian Authority » Middle East Monitor (MEMO), décembre 2013 page 4.
(13) Ibid, p. 6.
(14) Ibid, p. 14.
(15) Adnan Abou Amer « Is PA on the verge of collapse ? » http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2015/12/israel-leaks-pa-collapse-security-chaos-west-bank.html le 11 décembre 2015.
(16) Ibid.
(17) Ibid.
(18) Bassam Tawil « Who can believe Mahmoud Abbas ? » Gatestone Institute https://www.gatestoneinstitute.org/7321/who-believes-mahmoud-abbas le 3 février 2016
(19) Ibid.
(20) Ahmed Al-Sayed « Will the Palestinian Authority Collapse ? » Al-Ahram Weekly http://weekly.ahram.org.eg/News/15265/19/Will-the-Palestinian-Authority-collapse-.aspx le 21 janvier 2016.
(21) Peter Beinart « Netanyahu Fears Palestinian Authority Collapse that he Helped Induce » Haaretz http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.695931 le 6 janvier 2016.

Publié le 10/08/2016


Après des études de Droit à Paris et un MBA à Boston aux Etats-Unis, Matthieu Saab débute sa carrière dans la Banque. En 2007, il décide de se consacrer à l’évolution de l’Orient arabe. Il est l’auteur de « L’Orient d’Edouard Saab » paru en 2013 et co-auteur de deux ouvrages importants : le « Dictionnaire du Moyen-Orient » (2011) et le « Dictionnaire géopolitique de l’Islamisme » (2009).


 


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