Appel aux dons mardi 16 avril 2024



https://www.lesclesdumoyenorient.com/2272



Décryptage de l'actualité au Moyen-Orient

Plus de 3000 articles publiés depuis juin 2010

mardi 16 avril 2024
inscription nl


Accueil / Actualités / Analyses de l’actualité

Le Fezzan libyen : de la crise migratoire aux réseaux de traite d’êtres humains

Par Claude-Henry Dinand
Publié le 29/09/2016 • modifié le 22/04/2020 • Durée de lecture : 16 minutes

Source : Libya trafficks, carte de synthèse des flux illicites, Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (UNHCR), United States Institute for Peace, Norwegian Center for Global Analysis

Le désert de Libye : de la diagonale du vide au carrefour de tous les trafics

La chute du Colonel Mouammar Khadafi en 2011 a fait émerger un nouveau type de business sur cette « terre de non droit » (6) où les milices, également appelées katibas, cherchent à imposer leur propre loi en s’entre-tuant afin de conserver puis étendre leur zone d’influence (7). Si les principales katibas de Misrata et Zintan sont localisées sur la zone côtière de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque, les factions tribales Touaregs et Toubous ont, quant à elles, recentré leurs intérêts stratégiques dans le Fezzan. Considérant cette zone comme « espace de transition et base arrière pour les groupes en rupture avec les États » (8), ces katibas tentent d’exploiter les ressources du sol, comme l’ont démontré les prises de contrôle des sites pétroliers d’Al-Sedra et de Ras-Lanouf par Daech au début de l’année 2016 (9), mais également de profiter des flux illicites humains et matériels qui transitent par ce « No m’an’s land » (10). En effet, avec plusieurs milliers de migrants qui le traversent sur des centaines de kilomètres dans des conditions déplorables et dont les conséquences sont graves sur leurs conditions de vie, leur santé et leur sécurité, le Fezzan libyen est aujourd’hui devenu une zone d’urgence humanitaire nichée en plein cœur du désert et abandonnée de la communauté internationale.

Ainsi, bien que les Organisations Non-Gouvernementales et les Institutions Internationales aient différentes définitions des cas de figure pouvant être considérés comme une « situation d’urgence humanitaire et de crise », cette dernière pourrait se caractériser selon les termes choisis par la Coalition Humanitaire (11) comme « un événement, ou une série d’événements, qui constitue une menace sérieuse à la santé, la sécurité ou le bien-être d’une communauté ou d’un groupe de personnes, sur une zone étendue » (12). Faisant face à des formes de violences extrêmes, des mauvais traitements et des insuffisances en terme d’assistance humanitaire, le Fezzan libyen s’enfonce progressivement dans un chaos humanitaire silencieux. En effet, dans ce « trou noir sécuritaire » (13) devenant hors de portée de l’autorité étatique et des instances internationales, trafiquants et passeurs règnent aujourd’hui de façon incontestée sur ces réfugiés obligés de traverser cette zone désertique pour « fuir les dictatures et atteintes aux droits de l’Homme perpétrés en Érythrée, en Somalie et au Soudan » (14).

La maîtrise des flux migratoires : de la compétition entre les milices à la professionnalisation des réseaux de passeurs

La position stratégique de la côté libyenne, située seulement à 300 km de l’île italienne de Lampedusa, en fait un point de passage incontournable des flux de migrants qui circulent entre l’Afrique et l’Europe. Ainsi, si le Colonel Mouammar Kadhafi avait pour habitude « d’ouvrir et fermer le robinet des départs » (15) pour faire pression sur l’Europe exigeant cinq milliards de dollars par an pour réguler ces flux, cette barrière de sécurité a sauté après la chute du régime. Par conséquent, plus de 170 000 migrants sont arrivés à Lampedusa en 2014 (16), la plupart d’entre eux venant des côtes libyennes devenues poreuses après la chute de l’Etat, témoignant de la réorganisation des trafiquants dans ce secteur de la traite d’êtres humains (17). Originaires de régions instables comme l’Afrique de l’Ouest (Niger, Ghana, Cameroun, et Gabon) ou la Corne de l’Afrique (Somalie, Érythrée, Ethiopie) et, plus récemment, de Syrie et de Palestine, les migrants tentent d’échapper aux situations de conflits et au contexte de violence qui règnent dans leur propre pays en fuyant vers le Nord pour rejoindre l’Europe. Traversant les régions de Madama au Nord du Niger ou de Koufra située à la frontière avec l’Algérie, ces migrants atteignent le Fezzan libyen où ils sont pris en charge par des factions Touaregs ou Toubous proposant leurs propres « prestations low-cost à des migrants désespérés » (18).

Ainsi, les factions armées ont su tirer profit de la situation de la Libye en tant qu’État failli en prélevant des droits de passage par leurs territoires aux passeurs et en organisant des réseaux structurés comme de véritables entreprises. En effet, ces groupuscules très flexibles, composés d’équipes de personnels pour assurer la logistique, proposent à ces clandestins de véritables « packages traversée » (19) avec transport à travers le territoire, traversée de la méditerranée et fuite depuis l’Italie vers l’Europe du Nord. Cette « professionnalisation du milieu » (20) permet de dégager un maximum de profits (21) avec un coût de la traversée en constante augmentation, passé de 1000 euros en 2013 à 1800 euros en 2015 par personne, preuve que les migrants sont de « véritables poules aux œufs d’or pour les passeurs » (22). De la même façon, Christian Nelleman, directeur du Norwegian Center for Global Analysis et membre du groupe d’experts sur le crime organisé Global Initiative Against Transnational Organized Crime notait dans l’un de ses rapports de recherche que ces passeurs « prélèvent en général 800 à 1000 dollars par personne pour la traversée de la Libye puis 1500 à 1900 dollars supplémentaires pour la traversée en bateau de la Méditerranée, extorquant souvent ces sommes par le biais de la force » (23).

Or sur ce marché, comme nous l’avons évoqué précédemment, les réseaux de passeurs tentent de se distinguer de leurs concurrents en matière de prestations de service par la promotion de leurs « méthodes [qui seraient] plus humaines et plus professionnelles que celles de leurs concurrents » (24). Ainsi, cette compétition est à l’origine d’importants profits gagnés puis réinvestis pour renforcer leurs réseaux en Afrique de l’Ouest en proposant aux migrants des « tickets à prix réduits » (25). Ces derniers cherchent ainsi à toujours mieux rentabiliser ce commerce lucratif en augmentant les effectifs par trajet en préférant les camions (160 passagers) aux voitures avec plateau (30 passagers) pour le convoyage à travers le désert et les Jarafa, bateaux de pêche sur trois niveaux, pouvant contenir trois fois plus de personnes (environ 500 passagers) que les embarcations traditionnelles (26) pour le voyage jusqu’en Europe. Or, dans ce contexte d’expansion du commerce migratoire, chaque acteur impliqué touche son enveloppe dans une logique de jeu à somme positive (27). En effet, des organisateurs aux chauffeurs, des propriétaires de véhicules prêtés ou de maisons de transit (28) aux membres des autorités locales (29) en passant par les jeunes guetteurs (30), chacun tire profit de la situation qui fait le quotidien de ce « no man’s land aride » (31).

La pratique de la traite d’êtres humains : des abus aux persécutions infligées aux migrants

Selon Karim Bitar, spécialiste du Moyen-Orient et de la politique étrangère américaine à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), au cours de leur traversée du désert, « les immigrés deviennent une marchandise » (32) qui permet aux passeurs de gagner leur salaire. Par conséquent, les membres de ces milices commettent un grand nombre d’abus et atrocités à l’encontre de centaines de milliers de migrants, à l’instar de celles répertoriées dans le rapport d’Amnesty International de mai 2015 intitulé Libya is full of cruelty : Stories of abduction, sexual violence and abuse from migrants and refugees. Tout d’abord, dans la mesure où les passeurs considèrent les migrants uniquement comme une source de revenus, la plupart d’entre eux sont habitués à s’adonner à des activités lucratives comme les vols, les enlèvements ou les demandes de rançon, tirant profit du chaos et de la violence dans cette zone reculée du pays. Dans ce contexte, les migrants subissant, dès leur arrivée à la frontière libyenne, des traitements honteux et sont contraints par la force de payer en moyenne 1600 dollars. Après avoir payé, ils sont embarqués dans des véhicules pour voyager de nuit et enfermés dans des cages dans lesquelles ils doivent attendre pendant la journée (33).

En parallèle à cela, la plupart du temps, ce sont les femmes et les enfants non accompagnés qui constituent les victimes privilégiées de ces groupes criminels pour des demandes de rançons qui vont « de 200 à 8000 dollars environ » comme cela est attesté par le témoignage d’un jeune Soudanais déclarant avoir été « capturé dans le Sahara par des bandits [qui] le frappaient au quotidien et [l’avaient] obligé à payer 2800 dollars pour [sa] libération ». Dans d’autres situations, les migrants sont vendus à des groupes tels que l’Etat islamique (EI) en Libye avant d’être contraints de « s’entrainer au combat ou se livrer à des attentats suicides » (34). D’autres sont souvent utilisés pour des tâches ménagères, des travaux de construction voire même réduits à l’état de prostitution au cours des périodes de transfert dans cette zone (35). Retenus captifs dans des maisons, les réfugiés sont exploités en étant souvent sous-payés et sous-nutris mais aussi victimes de diverses formes de violences en étant « frappés avec des baguettes de bois ou des barres en métal » par leurs employeurs qui n’hésitent pas également à leur dérober leurs effets personnels (téléphones portables, argent et documents d’identité).

Bien que les chiffres de l’OIM tendent à démontrer que « 6 175 migrants sont décédés durant leur traversée depuis le début de l’année 2014 » (36), le début de l’horreur trouve pourtant sa source dans le désert libyen. En effet, la plupart des migrants qui passent des semaines voire des mois dans le désert, souffrent de famine et de déshydratation provoquées par les conditions de vie difficiles en climat aride. Fréquemment, ces migrants « se perdent »(37) ou sont abandonnés par leurs passeurs et sont contraints de boire de l’eau de pluie et dorment sur le sol du désert (38). Par ailleurs, ils sont souvent atteints de maladies virales ou d’infections telles que « le VIH, les hépatites B ou C ou encore le virus Ebola » (39) ce qui les expose davantage à des « risques importants » de transmission de ces maladies contagieuses contractées par les abus sexuels commis par les passeurs ou par des rapports non protégés entre eux. En mai 2015, l’OMS considérait que « les infrastructures sanitaires et services de santé sont négligés dans certaines zones, en majeure partie dans la partie sud du pays. » (40) Ainsi, au cours de leur traversée du Fezzan libyen, les migrants sont dans l’impossibilité d’être pris en charge et soignés en l’absence de « chaîne d’approvisionnement en fournitures médicales et du matériel d’interventions chirurgicales aux établissements de santé », entrainant interventions médicales, décès ou accouchements (41) sur le sable du désert.

En conclusion, le « guêpier » (42) du Fezzan, délaissé par les deux gouvernements de Tripoli et de Tobrouk, n’est pas seulement le tristement connu « hub terroriste » (43) où prolifèrent en toute quiétude divers groupes armés. En effet, aujourd’hui, cette région s’enfonce un peu plus chaque jour dans la situation d’une « crise humanitaire » (44). En dépit des promesses de la communauté internationale, notamment celles formulées par Martin Kobler, représentant spécial du Secrétaire Général des Nations unies pour la Libye au début de l’année 2016 (45), ces migrants continuent d’être les victimes d’une « tragédie (…) sans alternative pour ces personnes qui sont contraintes de fuir leur pays pour retrouver un environnement sûr » (46). Or, dans un contexte de multiplication et d’intensification des conflits en Afrique, au Maghreb et au Moyen-Orient, « l’immigration n’est pas un choix, n’est pas une option. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut prévoir ou planifier. Il s’agit plutôt (pour ces migrants) d’une décision à prendre entre la vie ou la mort » (47). À l’heure actuelle, au beau milieu de cet espace en voie de « somatisation » (48), plusieurs milliers de migrants auraient besoin du minimum d’assistance humanitaire pour leur apporter nourriture, eau, soins médicaux et infrastructures sanitaires pour conserver leur propre dignité.

Notes :
(1) « Le cas de la Libye. » Géopolitis RTS Info. 2 avril 2015. URL : http://www.rts.ch/play/tv/12h45/video/geopolitis-reportage-sur-la-libye-lune-des-meilleures-illustrations-detat-failli?id=6672796
(2) 2 « Quelles solutions à la crise libyenne ? », La Vigie, lettre géostratégique bi-mensuelle, Partie III : Commerce et trafics frontaliers (Nord Niger – Sud Libye). Mars 2015. URL : https://www.lettrevigie.com/2015/03/quelles-solutions-a-la-crise-libyenne/
(3) 3 PATON Callum, « Libya : Inside Sabha the heart of Libya’s smuggling and human trafficking network », International Business Times, Rubrique World, 24 Juillet 2015 : « Some 770km to the south of Tripoli lies Sabha the capital of Libya’s vast southern Fezzan region and the heart of the country’s expansive smuggling and human trafficking network » URL : http://www.ibtimes.co.uk/libya-inside-sabha-heart-libyas-smuggling-human-trafficking-network-1512459
(4) 4 BURKE Paula, « Libya’s Criminal Economy of Arms, Drugs, People Shakes Prospects for Transition », United States Institute of Peace, Rubrique Countries & Issues area, 19 mars 2014 : « What has changed ? Shaw and Mangan point to the decentralization of control over trafficking and smuggling, and how it has resulted in four interconnected markets in weapons, migrants, drugs, and smuggled goods. » URL : http://www.usip.org/olivebranch/libya-s-criminal-economy-of-arms-drugs-people-shakes-prospects-transition
(5) 5« Au Sud de la Méditerranée des déserts inoccupés. » Émission Partout ailleurs du 31 mai 2013 de VALMY Éric avec pour invité LAURENT Samuel (auteur de Sahelistan, Éditions du Seuil, 2013). URL : http://www.franceinter.fr/emission-partout-ailleurs-au-sud-de-la-mediterranee-des-deserts-occupes
(6) LEYMARIE Philippe. « L’hydre libyenne, hantise du Sahel. » Les Blogs du « Diplo ». Le Monde Diplomatique. 19 décembre 2014. URL : http://blog.mondediplo.net/2014-12-19-L-hydre-libyenne-hantise-du-Sahel
(7) DIFFALAH Sarah. « Libye. Ces milices qui plongent le pays dans le chaos » Le Nouvel Obs. 31 juillet 2014. URL : http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140731.OBS5254/libye-ces-milices-qui-plongent-la-libye-dans-le-chaos.html
(8) BEN MAMI Skander. « Des populations nomades face à un espace saharien en mutation. » Observatoires des mutations politiques dans le monde arabe. Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Septembre 2013. p. 2. URL : http://www.iris-france.org/docs/kfm_docs/docs/obs-monde-arabe/des-populations-nomades-septembre-2013.pdf
(9) LAGNEAU Laurent, « La branche libyenne de Daesh a lancé deux attaques dans une région pétrolière. », Zone militaire. Opex360.com, rubriques Afrique, terrorisme. 4 janvier 2016. URL : http://www.opex360.com/2016/01/04/la-branche-libyenne-de-daesh-lance-deux-attaques-dans-region-petroliere/
(10) HAMAYA Hamed. « Le sud libyen, la vraie bombe à retardement. » Afrique News Info. 30 mai 2015. URL : http://afriquenewsinfo.net/2015/05/30/le-sud-libyen-la-vraie-bombe-a-retardement/
(11) La Coalition Humanitaire est formée par cinq organisations membres : CARE Canada, Oxfam Canada, Oxfam-Québec, Plan Canada et Aide à l’enfance Canada. La Coalition Humanitaire est inspirée par les agences humanitaires à travers le monde qui ont réalisé la puissance de l’action commune. Ensemble, ils forment ce que l’on appelle couramment l’Alliance d’appels conjoints (AAC) composée d’agences d’aide qui travaillent ensemble pour répondre aux urgences humanitaires à travers le monde.
(12) Coalition Humaine, « Qu’est ce qu’une urgence humanitaire ? », Site de la Coalition Humanitaire, rubrique : Medias & ressources. Consulté le 30 juillet 2016 : « un événement, ou une série d’événements, qui constitue une menace sérieuse à la santé, la sécurité ou le bien-être d’une communauté ou d’un groupe de personnes, sur une zone étendue » URL : http://coalitionhumanitaire.ca/medias-ressources/fiches-dinformation/quest-ce-quune-urgence-humanitaire
(13) LEYMARIE Philippe. « L’hydre libyenne, hantise du Sahel. » Les Blogs du « Diplo ». Le Monde Diplomatique. 19 décembre 2014. URL : http://blog.mondediplo.net/2014-12-19-L-hydre-libyenne-hantise-du-Sahel
(14) Vice News, « Libya’s Migrant Trade : Europe or Die », Reportage vidéo (YouTube), 17 septembre 2015, 29,48 minutes : « Most of the refugees try to escape from dictatorship and human rights abuse from Erythrea, Somalia and Sudan ». De 5,30 min à 5,40 min. URL : http://youtube.com/watch?v=XWrGSndkf6U
(15) Rédaction Jeune Afrique, « La Libye, plaque tournante du trafic de clandestins vers l’Europe », Jeune Afrique, 22 avril 2015 : « Le régime Kadhafi utilisait l’immigration comme un moyen de pression sur l’Europe, ouvrant et fermant le robinet des départs au gré de l’état de ses relations avec ses pays, en particulièrement l’Italie, l’ancienne puissance coloniale. » URL : http://www.jeuneafrique.com/depeches/229791/politique/la-libye-plaque-tournante-du-trafic-de-clandestins-vers-leurope/
(16) Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), « Migrant arrivals by Sea in Italy Top 170,000 in 2014 », Communiqué de presse Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), Région – Pays : Europe et Asie Centrale / Italie, Thème : Disparition de migrants, 16 janvier 2015. URL : https://www.iom.int/news/migrant-arrivals-sea-italy-top-170000-2014
(17) Agence Frontex, « Central Mediterranean Route », Site de l’Agence Frontex, Rubrique : Trends and routes. Consulté le 28 juillet 2016 : « With the collapse of the Gaddafi regime in August 2011, the flow of migrants again almost entirely stopped. Detections remained very low throughout 2012. By 2013, however, the smugglers had reorganised themselves – and there was no shortage of customers desperate to escape Libya as the state imploded and violence escalated. In what was a de facto failed state, smugglers have been operating with impunity in the absence of effective law enforcement to counter their criminal activities. » URL : http://frontex.europa.eu/trends-and-routes/central-mediterranean-route/
(18) PATON WALSH Nick, « Human smugglers offer discounts for introductions to desperate migrants », Cable News Network (CNN), Rubrique Régions : Afrique, 30 avril 2015 : « The smuggler explained that the "final price" for Syrians - often thought to be richer than their African migrant counterparts - was $1,000. He added that for each Syrian she brought with her, the producer would get a $100 discount. So if she brought 10, she could travel free. He explained how the "discount" was "well known," suggesting perhaps it was part of the unwritten rules that govern the trade and why so many migrants come to each boat. Any fears about the crossing were supposed to be allayed by the smuggler insisting the boats they used had new motors, and that the Senegalese pilot would have a satellite telephone and GPS to assist the crossing » URL : http://edition.cnn.com/2015/04/29/africa/libya-business-of-smuggling-exclusive/
(19) GALTIER Fabien, MALO Antoine, RIVA Virginie. « Immigration : pourquoi le Sud libyen est devenu une passoire. » Le JDD. 28 avril 2015 : « Selon Federico Bubbico, vice-ministre de l’Intérieur italien, "les réseaux sont très flexibles, proposent soit un package complet avec traversée de la Méditerranée et fuite depuis l’Italie vers l’Europe du Nord" ou seulement "un package traversée’’ ». URL : http://www.lejdd.fr/International/Immigration-pourquoi-le-Sud-libyen-est-devenu-une-passoire-729768
(20) GALTIER Fabien, MALO Antoine, RIVA Virginie. « Immigration : pourquoi le Sud libyen est devenu une passoire. », Le JDD. 26 avril 2015 : « En Libye, beaucoup des passeurs fonctionnent comme des patrons de PME qui emploient du personnel pour s’occuper des migrants. » URL : http://www.lejdd.fr/International/Immigration-pourquoi-le-Sud-libyen-est-devenu-une-passoire-729768
(21) Chiffre de 25 000 euros par bateau de 150 à 200 migrants confié au JDD par un passeur libyen fin 2013.
(22) HAMAYA Hamed. « Le sud libyen, la vraie bombe à retardement. », Afrique News Info. 30 mai 2015. URL : http://afriquenewsinfo.net/2015/05/30/le-sud-libyen-la-vraie-bombe-a-retardement/
(23) Norwegian Center for Global Analysis (RHIPTO) & The Global Initiative Against Transnational Organized Crime, « Libya : a growing hub for Criminal Economies and Terrorist Financing in the Trans-Sahara », Site de The Global Initiative Against Transnational Organized Crime, 12 mai 2015, 10 pages. p.4 : « There are numerous accounts of militia groups rounding up migrants and extorting their families for release, or selling migrants on to smugglers. Anyone who can access a boat can stand to make a signifcant proft putting migrants out to sea. Smugglers typically charge US$ 800-1,000 per person for passage into Libya and then another US$ 1,500-1,900 for the boat trip across the Mediterranean, often extorting the money by force. » URL : http://globalinitiative.net/libya-criminal-economies-and-terrorist-financing-in-the-trans-sahara/
(24) KINGSLEY Patrick, « Libya’s people smugglers : inside the trade that sells refugees hopes a better life », The Guardian, Rubriques : Monde et Afrique, 24 avril 2015 : « Every smuggler likes to say their methods are much more humane and professional than those of their rivals. But they will disagree about what those methods should be, and how much they cost. » URL : http://www.theguardian.com/world/2015/apr/24/libyas-people-smugglers-how-will-they-catch-us-theyll-soon-move-on
(25) TOALDO Mattia, « Libya’s migrant-smuggling highway : lessons for Europe », European Council of Foreign Relations (ECFR), Rubrique Moyen-Orient et Afrique du Nord, 10 pages. p.4 : « Because of EU migration policy, they could only apply for asylum in Europe by travelling illegally to the continent, and this made the fortune of Libyan and other African smugglers who are now “investing” those profits to deepen their networks in West Africa, offering “discounted tickets”. » URL : http://www.ecfr.eu/page/-/ECFR-147_Libyas_Migrant_Smuggling_Highway1.pdf
(26) GALTIER Fabien, MALO Antoine, RIVA Virginie. « Immigration : pourquoi le Sud libyen est devenu une passoire. » Le JDD. 26 avril 2015. URL : http://www.lejdd.fr/International/Immigration-pourquoi-le-Sud-libyen-est-devenu-une-passoire-729768
(27) Cf : Théorie des jeux développée MORGENSTERN Oskar et VON NEUMANN John dans Theory of Games and Economic Behavior (1944).
(28) « Quelles solutions à la crise libyenne ? », La Vigie, lettre géostratégique bi-mensuelle, Partie III : Commerce et trafics frontaliers (Nord Niger – Sud Libye). Mars 2015. URL : https://www.lettrevigie.com/2015/03/quelles-solutions-a-la-crise-libyenne/
(29) COLUCCELLO Salvatore, MASSEY Douglas, « Out of Africa : The Human Trade between Libya and Lampedusa », Rubrique : Trends on Organized Crime, vol 10, pp. 77 – 90, 9 octobre 2007 : « The local police who are invariably low paid are open to corruption. » URL : https://curve.coventry.ac.uk/open/file/c7adb74c-aae0-3257-9dd7-d86535582446/1/coluccellocomb.pdf
(30) GALTIER Mathieu, « Dans le sud libyen, l’autre guerre », Libération, 24 mars 2015. Témoignage d’Ahmed Mohamed, résident d’Oubari : « Nos jeunes sont forcés de travailler avec les terroristes, c’est le seul moyen de gagner de l’argent ». URL : http://www.liberation.fr/planete/2015/03/24/dans-le-sud-libyen-l-autre-guerre_1227687
(31) ABDUL-AHAD Ghaith. « Vingt-quatre heures avec les trafiquants d’essence ». Courrier International. 17 août 2011. URL : http://www.courrierinternational.com/article/2011/08/18/vingt-quatre-heures-avec-les-trafiquants-d-essence
(32) « La Libye, plaque tournante du trafic de clandestins vers l’Europe. » Jeune Afrique. 22 avril 2015. URL : http://www.jeuneafrique.com/depeches/229791/politique/la-libye-plaque-tournante-du-trafic-de-clandestins-vers-leurope/
(33) Vice News, « Libya’s Migrant Trade : Europe or Die », Reportage vidéo (YouTube), 17 septembre 2015, 29,48 minutes. Témoignage de Saron, détenue érythréenne : « There is no hope, you become a soldier and go for war, you can’t off the country legally. It is always illegal and they can kill you. It’s OK for us to cross the sea, we know a lot of people die there. We came through the Sahara, we lost direction, we finished our food and water after four days. After the eighth day, we reached the destination and we were bitten to pay 1600 dollars and after we paid then they put us in a car and we travel through the night and through the day the just leave us in a cage and anything can happen to us. ». De 3,35 min à 4,20 min. URL : http://youtube.com/watch?v=XWrGSndkf6U
(34) WESTCOTT Tom, « Is kidnapping migrants at gunpoint to fight in Libya », Middle East Eye, Rubrique News, 7 mars 2015. URL : http://www.middleeasteye.net/news/forging-migrant-army-libya-912479375
(35) BRACHET Julien, « Perceptions de l’enclavement dans une oasis saharienne du Nord Niger. Espace Populations Sociétés », Centre National de la Recherche Scientifique, 12 pages. pp. 107 – 109 : « On trouve ainsi de jeunes migrants qui travaillent comme "hommes à tout faire" (les femmes ne sont jamais employées de la sorte) chez les "notables" locaux. Ils effectuent des tâches variées comme la corvée d’eau, l’entretien des concessions, la lessive, certains achats au marché, voire des travaux de manœuvre (construction, etc…). […] Ce genre de travail dure en moyenne trois mois avant que les "employeurs" ne décident de changer de laquais. Ces employeurs ont un certain pouvoir sur les camionneurs faisant la route entre Dirkou et la Libye (cas des porteurs d’uniforme) à qui ils imposent de prendre gratuitement les personnes qu’ils ont employées pendant plusieurs mois ; ou bien ils sont eux-mêmes insérés dans les réseaux commerçants reliant le Niger à la Libye, et peuvent faire transporter, également gratuitement mais sans pression, leurs anciens "employés". Alors, enfin, ces migrants pourront reprendre leur route. […] » URL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00327000/document
Amnesty International, « Libya is full of cruelty : storis of abduction, sexual violence and abuse from migrants and refugees », Rapport Amnesty International Ltd, Londres, 31 pages. URL : http://www.amnesty.eu/content/assets/Reports_and_Briefings_2015/Libya_is_full_of_cruelty.pdf
(36) STEVENS John, « The crisis that might never end : Warning that thousands more will head to the EU via Libya after Italy rescues 4,000 people off its coast in just 48 hours », Mail Online, News section, 13 avril 2016. URL : http://www.dailymail.co.uk/news/article-3538866/The-crisis-never-end-Warning-thousands-head-EU-Libya-Italy-rescues-4-000-people-coast-just-48-hours.html
(37) Vice News, « Libya’ migrant trade : Europe or die », Reportage vidéo (YouTube), 17 septembre 2015, 29,48 minutes. Témoignage de Saron, détenue érythréenne : « We came through the Sahara, we lost direction, we finished our food and water after four days. ». De 3,40 min à 3,50 min. URL : http://youtube.com/watch?v=XWrGSndkf6U
(38) Vice News, « Libya’ migrant trade : Europe or die », Reportage vidéo (YouTube), 17 septembre 2015, 29,48 minutes. Témoignage d’un détenu somalien : « I lived in the Sahara for seven months. We didn’t have any place to sleep at night but the ground. We drank rainwater. We have every disease imaginable. ». De 15,30 to 15,40 min. URL : http://youtube.com/watch?v=XWrGSndkf6U
(39) Amnesty International, « Libya is full of cruelty : storis of abduction, sexual violence and abuse from migrants and refugees », Rapport Amnesty International Ltd, Londres, 33 pages. « “If you have good blood you will work. If you have bad blood, they will send you back.” Migrant from Niger in a “holding centre” in Misrata, 20 April 2013. As of the beginning of 2013, the Libyan authorities started reintroducing medical tests aimed at identifying viral diseases such as hepatitis B and C and HIV (…) In April 2013, the official Spokesman of the Preventative Security agency was quoted concerning the deportation of 35 irregular migrants diagnosed with “AIDS, hepatitis, malaria and syphilis”. At the end of April, the local branch of the DCIM in Jabal al-Akhdar/Bayda in the east stated that the large influx of migrants was the main cause for the “spreading of hepatitis, AIDS and other infectious and serious diseases”. It added that these diseases represent “the main threat” in Libya at a time when security agencies and medical institutions are unable to absorb such a large number of patients and migrant workers. » URL : https://www.amnesty.org/en/documents/mde19/007/2013/en/
(40) Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « Humanitarian crisis in Libya : Public health risk assessment and interventions », Rapport de l’OMS, Publications des Nations, Genève, 26 pages. « Health services are neglected in some areas, predominantly in the southern part of the country ». URL : http://www.who.int/hac/crises/lby/libya__phra_may2015.pdf
(41) Vice News, « Libya’s Migrant Trade : Europe or Die », Reportage vidéo (YouTube), 17 septembre 2015, 29,48 minutes. Témoignage de Saoud Hasan Said, détenue somalienne : « There is a woman who gave birth in the desert in Libya. She will not be able to get pregnant again, she needs medical treatment. ». De 5,05 à 5,15 min. URL : http://youtube.com/watch?v=XWrGSndkf6U
(42) LEYMARIE Philippe. « L’hydre libyenne, hantise du Sahel ». Les Blogs du « Diplo ». Le Monde Diplomatique. 19 décembre 2014. URL : http://blog.mondediplo.net/2014-12-19-L-hydre-libyenne-hantise-du-Sahel
(43) CHAPLEAU Philippe. « Le sud de la Libye est un « hub terroriste » selon Jean-Yves Le Drian », Lignes de défense. Ouest France. 29 décembre 2014. URL : http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2014/12/29/libye-13185.html
(44) Vice News, « Libya’ migrant trade : Europe or die », Reportage vidéo (YouTube), 17 septembre 2015, 29,48 minutes : « In the middle of the Civil War, it was not immediatly clear that milicias are involved in an humanitarian crisis. ». De 5,40 min à 5,50 min. URL : http://youtube.com/watch?v=XWrGSndkf6U
(45) Centre d’actualités de l’ONU. « Libye : l’envoyé de l’ONU voit un signe d’espoir en 2016 grâce à l’accord récemment signé », 4 janvier 2016 : « L’année 2016 sera l’occasion pour ce pays de redécouvrir la paix avec un gouvernement d’union et un seul ensemble d’institutions légitimes »
URL : http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=36365#.VowAW8DhA0o
(46) Propos tenus lors de la conférence du 24 avril 2015 qui s’est tenue à la Brookings Institution sur la thématique : “An overlooked crisis : Humanitarian consequences of the conflict in Libya” en présence de FERRIS Elizabeth, chercheure à la Brookings en Politique étrangère (modératrice), BRADLKEY Megan, chercheure invitée en Politique étrangère, DARRAGI Kais, Ministre plénipotentiaire, chargé d’affaires à l’Ambassade de la République de Tanzanie aux États-Unis, PITTERMAN Shelly, Représentante régionale du HCR. URL : http://www.brookings.edu/events/2015/04/24-libya-displacement-overlooked-crisis
(47) HARRELL Elizabeth, « Forced Migration : Human Trafficking and Migrant Vulnerability », Blog du Human Trafficking Center, 3ème partie. 24 mai 2014 : « Migration is not a choice, it is not an option. It is not something you can plan. Rather, it is a decision between life and death. » URL : http://humantraffickingcenter.org/posts-by-htc-associates/forced-migration-human-trafficking/
(48) ABDERRAHIM Kader. La Libye, un pays en voie de « somalisation » ? Analyse de l’IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques). 27 juin 2014. URL : http://www.iris-france.org/43886-la-libye-un-pays-en-voie-de-somalisation/

Publié le 29/09/2016


Claude-Henry Dinand est étudiant en Master de Sciences Politiques à l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence. Auditeur et membres des comités Afrique et Moyen-Orient de l’ANAJ-IHEDN, il analyse pour les Clés du Moyen-Orient les dynamiques liées aux conflits, flux illicites et enjeux sécuritaires de cette aire géographique.


 


Libye

Société